Nos âmes tourmentées
Bienvenue sur Dear Patriarchy.
Chronique littéraire
« Le temps d’une seconde, je me demande si elle aussi voit les marques. Voit-elle les miennes comme je vois les siennes ? Telles les deux surfaces d’un même miroir. »
J’avais eu un véritable coup de coeur pour son premier roman Viens, on s’aime (et non je n’ai toujours pas lu le deuxième tome parce que j’ai peur de quitter Loan !), et bien je n’ai pas été déçue par ce troisième roman. Il n’a pas été un coup de coeur mais j’ai adoré ma lecture. C’est une histoire forte, touchante et bouleversante qui traite de sujet difficiles mais oh combien présents dans notre société. Le viol, le harcèlement scolaire, la violence physique et psychique, la dépression… mieux vaut être dans une bonne période de ta vie pour lire ce roman si tu ne veux pas sombrer avec Azalée, du moins pendant ses moments de doute et d’incertitudes. Car malgré la dureté de la situation, l’espoir et omni présent.
Je me suis fortement attachée à Azalée Green, cette jeune femme secouée par la vie et qui a bien du mal à se relever malgré ce qu’elle laisse entrevoir. Tous les héros ont leur part de faiblesse. Le sien s’appelle Pete. Elle tente tant bien que mal de refaire surface depuis ce jour qui lui a changé la vie à jamais, en commençant par la création de son podcast féministe Dear Patriarchy, où elle enregistre ses pensées de façon anonyme. Comme une carapace, Azalée s’est construit un personnage de trainée, d’abord pour tenter de se réapproprier ce corps qui ne lui appartenait plus, ensuite pour faire taire ses petites voix dans sa tête. Seulement le jour où elle revient à Charleston, personne n’a oublié « la putain de Bishop » et les commérages vont bon train. En tant que lecteur, on assiste alors à la descente aux enfers progressive d’Azalée, un personnage fort qui tente de contrer ses failles envers et contre tout, jusqu’au moment du KO final.
« Bienvenue sur Dear Patriarchy,
Breaking news : les hommes pleurent. Les femmes se masturbent. Les hommes peuvent se maquiller. Les femmes aiment le porno. Les hommes peuvent aimer d’autres hommes. Les femmes peuvent aimer d’autres femmes. Les hommes peuvent aimer le rose. Les femmes peuvent choisir de ne pas se raser. Les hommes peuvent porter des talons. Les femmes peuvent être douées en sciences. Les hommes n’ont pas à être musclés. Les femmes n’ont pas à avoir des formes. Les hommes n’ont pas à aimer le sexe. Les femmes n’ont pas à être minces. »
Tout comme Azalée, je suis tombée sous le charme de Eden. L’inverse parait impossible. C’est un personnage fidèle, profondément gentil, aux sentiments débordants mais, comme tout bon BBF, avec sa part d’ombre. Eden a du mal à contenir sa colère et peut parfois être violent. Mais jamais envers les personnes qu’il aime. Seulement cette part de sa personnalité ne plaide pas en sa faveur pour obtenir ce qu’il souhaite plus que tout au monde : vous le saurez en lisant le livre ! Je ne m’attendait pas forcément à cela et je trouve que ça rajoute un petit quelque chose au personnage qui nous fait l’aimer encore davantage. Oui, je suis complètement fan de ce garçon !
J’ai bien eu du mal à choisir deux citations pour cette chronique. Le roman en lui-même pourrait être une citation. C’est ce que j’adore dans la plume de Morgane, elle a le don de nous transporter à travers son écriture. C’est une belle poésie avec un message fort. Si malgré tout ce que je viens de vous dire vous n’avez toujours pas mis vos chaussures pour aller l’acheter en librairie, je ne peux plus rien pour vous.
En bref...
Pas loin du coup de coeur, cette histoire bouleversante pointe du doigts des sujets difficiles de notre société : viol, agression, harcèlement scolaire, dépression. Azalée Green est un personnage fort mais qui, comme tout humain, a ses limites. Elle peut néanmoins compter sur le soutien sans faille de Eden, son voisin bien vite devenue sa seule ancre. A lire d’urgence !