La femme aux cartes postales
Chère Rosie...
1957. Rose quitte sa Gaspésie natale en laissant derrière elle une lettre sur son oreiller. Elle n’a qu’un rêve en tête : briller sur les scènes des prestigieux cabarets de la métropole. À cette époque, Montréal est un haut lieu de la vie nocturne et l’une des escales obligées des plus grands jazzmen. Les nightclubs brillent de tous leurs feux et la mafia fait des affaires d’or. Mais l’arrivée du rock’n’roll, l’engouement pour la télévision et l’élection du jeune et incorruptible maire Jean Drapeau, va sonner le glas de cet âge d’or.
2002. En Gaspésie, un étranger vient d’acquérir une maison abandonnée mise aux enchères ; photos aux murs, vieux piano désaccordé et, au fond d’une garde-robe, un terrible secret de famille…
Chronique littéraire
« Qu'est-ce que tu pensais, Rosie ! Sur la Main, c'est comme ça pis c'est pas nos affaires ! Toi ta job c'est de chanter pis de fermer ta gueule. T'as été parfaite ! »
Je ne lis pas souvent de bande dessinée, alors quand je décide d’en lire, je les choisies avec soin ! Celle-ci fut une bonne pioche : j’ai tout simplement adoré. Les dessins sont très beaux et l’histoire m’a transportée. L’ayant empruntée dans ma bibliothèque municipale, je n’ai pas lu le résumé avant de le prendre. Je me suis fié uniquement à la couverture et aux dessins après un rapide coup d’oeil. Aussi, je ne m’attendais pas à me retrouver en plein coeur de Montréal dans les années ’50 ! Et quelle belle surprise pour moi qui porte le Canada dans mon coeur depuis toute petite (alors que je n’y suis jamais allé, n’essayez pas de comprendre).
Je me suis beaucoup attachée à Rose, cette jeune femme qui, du jour au lendemain, quitte le domicile de sa mère pour tenter sa chance à Montréal. Son rêve : chanter sur scène. Elle commence par faire quelques petits boulots afin de pouvoir se payer sa chambre mais elle ne perd pas espoir. Rose envoie souvent des cartes postales à destination d’elle-même pour ne pas oublier sa motivation. J’ai aimé sa détermination et son courage à se lancer dans cette aventure qui ne paraissait pas partir du bon pied et pourtant elle a tenu bon et s’est accroché à son rêve de toute ses forces. J’ai aussi bien aimé sa relation avec Roméo, son fidèle ami, mais beaucoup moins celle avec McPhee qui va se terminer bien tristement. Le destin tragique de Rose m’a touchée. C’est un bout de femme pleine d’énergie, de courage et de rêves plein la tête qui va progressivement se retrouver dans une situation qu’elle n’avait pas pu imaginer. Car si Roméo et McPhee l’a pousse sur les devants de la scène et montent ensemble un trio de jazz reconnu, c’est également à cause de ce dernier que notre Rose va peu à peu perdre son entrain.
« - Maudit McPhee que t'as le pied pesant !
- Mais j'ai le coude léger, ça compense !
- Ça te suffit pas d'avoir la coupe de James Dean ! Tu veux aussi finir comme lui ?
- Ciboire Lefty ! Slacke la cravate ! Tu vas-tu jouer au curé de même toute la veillée ? »
Parallèlement, nous suivons dans une autre époque Victor Weiss, un professeur d’anthropologie à Paris. Interrogé par la CIA qui cherche à comprendre un fait on ne peut plus étrange, Victor se retrouve propulsé dans un passé familial qu’il ne soupçonnait aucunement. En effet, il apprend qu’après l’attentat de 2001 à New York, les enquêteurs ont retrouvé dans les décombres des tours jumelles des restes d’ossements humains dont, après moultes tests, s’avèrent être les siens ! D’après les relevés ADN, Victor Weiss serait mort le 1 septembre 2001. Comment cela est-il possible ?! Victor, enfant adopté, part à la recherche de la vérité. J’ai bien aimé suivre également cette partie de l’histoire qui nous met le doute tout au fil de notre lecture, nous fait réfléchir et nous fait faire des suppositions. J’avoue ne pas y avoir pensé tout de suite, mais finalement, tout est très bien ficelé ! Et c’est ce que j’ai vraiment apprécié dans cette BD.
Outre les personnages, j’ai beaucoup aimé l’ambiance générale qui se dégageait de cette histoire. Le jazz est bien présent, les clubs de musiques de l’époque, le King Presley… ajouté à cela des dialogues parfois typiquement québécois, on est au top ! Certaines expressions m’ont bien fait rire et il faut s’habituer à lire cet orthographe que je n’avais encore jamais vu (par exemple « ici » est écrit « icitte »), mais tout ceci participe à cette ambiance particulière de Montréal.
En bref...
Deux histoires, deux personnages principaux, deux époques différentes. D’un côté les folles années ’50 de Montréal où évolue Rose, une jeune chanteuse. De l’autre, un mystère à résoudre pour le parisien Victor dans les années 2000. Je me suis attachée à Rose et son destin tragique, et j’ai enquêté avec Victor sur son passé. Une BD aux jolies dessins à découvrir !