Chroniques,  New Adult

44 | Chronique Littéraire ~ Orion T1

Tourne. Tourne Léo, Tourne.

Ne tombe pas amoureuse du diable, Léo…
Première danseuse de la compagnie, premier rôle dans un ballet, Leo Kats est sur le point d’atteindre le sommet de sa jeune carrière : elle sera Nikiya dans la Bayadère qui se jouera à l’Opéra de Sydney. Les années de travail, intenses et douloureuses, ont porté leurs fruits, mais la jeune femme est fébrile et encore trop peu confiante à l’aube de sa consécration.

Quelques jours avant la représentation, Orion Atlay, illustre chorégraphe français, s’invite au Temple, l’école de danse de la compagnie, pour y créer un ballet irrévérencieux. Dès la première seconde, Orion veut Leo, lumineuse, parfaite et docile. Un combat s’engage. Obsédé par la jeune femme, Orion tente de la convaincre de danser pour lui afin de mener à bien d’obscurs projets.

Chronique littéraire

Hugo Roman

Battista Tarantini

« Les fantômes d’Odette, de Nikiya et des autres me contemplent en souriant. Moi, Leo. Perséphone perdue en son nouveau royaume. Lâchement abandonnée par Hadès. Blessée au point d’avoir envie de crever. »

A l’heure où je vous écrit cette chronique, je viens tout juste de tourner la dernière page de ce fabuleux roman. Je suis chamboulée, secouée, soufflée. Je ne m’attendais pas à un tel ras de marée en commençant cette histoire. Je ne connais absolument rien au monde de la danse, aux rats d’Opéra, aux ballets et aux tout autre élément qui compose cet univers particulier. Et pourtant Battista a su m’emporter avec elle dès les premières pages. Je commence l’année 2019 avec une lecture renversante et un énorme coup de cœur, je ne pouvais pas espérer mieux !

Léo Kats est une jeune femme extrêmement appliquée. Elle danse comme personne, interprète divinement, est la première de classe et a décroché le premier rôle dans La Bayadère. Léo est parfaite. C’est ce que lui répète sans cesse Hector, son patron, qui l’a propulsé sur le devant de la scène en la transformant en Nikiya. Une Nikiya appliquée, une Nikiya suffocante d’interprétation. Mais si Léo arrive à un tel degré de perfection sans jamais se plaindre malgré une déchirure musculaire qui la fait souffrir, c’est grâce à un petit paquet que lui vend un de ses compagnons de ballet. Léo est camée, les danseurs sont camés. Elle est persuadée qu’elle n’arrivera pas à danser aussi parfaitement en arrêtant de consommer cette poudre blanche qui la détruit à petit feu mais qui fait taire ses souffrances physiques et l’emmène jusqu’au sommet.

Seulement le jour où Orion Atlay, grand chorégraphe français de renom, débarque à Sydney pour faire passer une audition pour son prochain ballet, le monde de Léo bascule. A peine a-t-il posé un pied dans la salle de répétition qu’il sait. Il sait que sa danseuse principale sera Léo, et personne d’autre. Commence alors un envoûtant combat entre Léo, la danseuse aux pas millimétrés et muets sur le plancher, et Orion, le chorégraphe intransigeant et qui remet en question la perfection de Léo. Car Orion en est persuadé : Léo n’est encore que l’ombre d’elle-même. Il se donne alors le devoir de la révéler, de lui faire prendre conscience de l’intensité de son talent encore trop enfoui sous une carapace de travail. Et ce, même si la jeune femme doit en souffrir.

« C’est en éprouvant de la souffrance que je suis parvenue à toucher les étoiles. »

Ces deux personnages m’ont faire virevolter, tourner et tourner. Orion est sadique, brisé mais terriblement attirant. Léo a beau s’efforcer de ne pas flancher, tout son corps le réclame. Et c’est une première pour cette jeune danseuse qui, toute sa vie, s’est appliquée à donner le meilleur d’elle-même dans l’art qu’elle chérie le plus au monde. Au point de s’oublier elle, la jeune fille devenue jeune femme et qui n’a presque rien expérimenté de la vie. Léo est presque aussi brisée que son mentor mais elle trouve le courage et la force de sortir la tête de l’eau et de répondre aux moindres demandes d’Orion. Danse, tourne, lève la tête, tourne Léo, tourne.

Ce roman est un torrent de larmes, de musique, de danse et d’espoir. Je suis une nouvelle fois tombée amoureuse de la plume de Battista Tarantini. C’est une écriture addictive, enivrante, qui nous attire dans les ténèbres et les profondeurs du monde l’Opéra et de ses chaussons de danse ensanglantés par la persévérance. Tout danseur est à la recherche de la perfection. Orion révèle Léo qui se transforme sous le feu des projecteurs. Hadès emmène Perséphone dans les tréfonds de l’enfer, mais il se pourrait bien que Perséphone ramène Hadès à la lumière. Je suis donc on ne peut plus pressée de découvrir le tome deux !

En bref...

Orion et Léo m’ont chamboulée. Ils m’ont fait virevolter dans les ténèbres. Je suis tombée la tête la première dans l’univers de la danse alors que je n’y connaissais rien, et j’en redemande encore. Ce roman relève du génie, Battista a une écriture envoûtante et enivrante. Je n’ai qu’une chose à vous dire : lisez-leTourne. Tourne Léo, tourne.

2 commentaires

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